En juillet 2025, le Fonds monétaire international (FMI) a achevé le deuxième examen des deux programmes de financement accordés à Madagascar pour soutenir son développement. À l’issue de cette mission, le conseil d’administration a salué les progrès réalisés dans les finances publiques, notamment à travers la société publique d’électricité, ainsi qu’en matière de résilience climatique. Ce satisfecit, qui a permis de débloquer 107 millions USD supplémentaires, s’accompagne toutefois d’une réserve sur les perspectives économiques, fragilisées par des chocs extérieurs récents. Ce bilan globalement positif pour le gouvernement malgache intervient alors que le président Andry Rajoelina accueille cette semaine le 45e sommet de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).
En juin 2024, le FMI avait approuvé deux prêts pour un total de 658 millions USD sur trois ans, au titre de la Facilité élargie de crédit (FEC) et de la Facilité pour la résilience et la durabilité (FRD). Le premier, d’un montant de 337 millions USD, visait à renforcer la gouvernance, consolider la stabilité monétaire et financière et favoriser l’industrialisation ainsi que le développement du capital humain. Le second avait pour objectif de réduire les vulnérabilités climatiques en améliorant l’adaptation au changement climatique et en créant un environnement propice aux investissements verts du secteur privé.
JIRAMA et subventions des carburants : les réformes saluées par le FMI
Plus d’un an après ces accords, le dernier examen du FMI a ouvert la voie à deux nouveaux décaissements : environ 50 millions USD au titre de la FEC et 56 millions USD pour le FRD. Sur le volet climatique, le FMI note la mise en œuvre de plusieurs mesures, dont l’opérationnalisation du Fonds national de contingence pour la gestion des risques de catastrophe et l’adoption d’un nouveau cadre pour le carbone forestier qui encourage la participation du secteur privé au reboisement.
L’institution salue également le plan de redressement 2025-2028 de la JIRAMA, la société publique de fourniture d’électricité et d’eau. Ce plan prévoit de réduire un déficit opérationnel de 90 milliards d’ariarys par mois en 2024, moderniser les infrastructures, limiter la dépendance aux carburants (responsables de 53 % des charges en 2023) et diminuer la subvention publique annuelle d’environ 1000 milliards d’ariarys (225,7 millions USD).
Deux trajectoires sont envisagées, en l’occurrence un retour à l’équilibre dès 2028 grâce à un renforcement massif des capacités solaires et de stockage ou une réduction du déficit à 418 milliards d’ariarys à la même échéance.
« L’adoption récente d’un plan de redressement pour la JIRAMA est un pas dans la bonne direction. Sa mise en œuvre rapide contribuera à remédier aux perturbations généralisées dans la fourniture d’électricité. »
Le FMI souligne aussi la poursuite de l’application du mécanisme automatique d’ajustement des prix des carburants à la pompe, entré en vigueur en janvier 2025. Celui-ci a entraîné une hausse cumulée de 6 % pour le diesel et de 33 % pour le kérosène, contre une baisse de 7 % pour l’essence. Seul le kérosène reste subventionné, avec un prix à la pompe inférieur de 20 % au prix de référence.
Comme pour le plan de redressement de la JIRAMA, le Fonds estime que ce dispositif contribue à réduire les risques budgétaires et à libérer des marges pour financer les besoins de développement. L’objectif étant de supprimer complètement les subventions sur le prix des carburants d’ici avril 2026.
« L’adoption récente d’un plan de redressement pour la JIRAMA est un pas dans la bonne direction. Sa mise en œuvre rapide contribuera à remédier aux perturbations généralisées dans la fourniture d’électricité aux ménages et aux entreprises, tout en limitant les appels au budget de l’État. La poursuite de la mise en œuvre du mécanisme de tarification automatique des carburants contribuera également à contenir les risques budgétaires », a salué Nigel Clarke, directeur général adjoint du FMI.
L’institution appelle néanmoins à résoudre les litiges avec les distributeurs et à ajuster le mécanisme afin d’éviter tout dépassement par rapport aux prix de référence sur le marché international. Elle recommande aussi d’accompagner ces réformes par des mesures ciblées, telles que le déploiement de kits solaires en zones rurales, pour atténuer l’impact sur les ménages les plus vulnérables.
Droits de douane et baisse de l’aide : une double menace pour la croissance
Malgré les efforts du gouvernement d’Andry Rajoelina, Madagascar devrait enregistrer une croissance économique plus faible que prévu en 2025. Selon le FMI, le PIB malgache devrait finalement croitre de 4 % en 2025, contre une estimation de 4,6 % lors du précédent examen du Fonds. En cause, une conjonction de chocs externes, largement liés à l’arrivée au pouvoir de Donald Trump en janvier.
Selon le FMI, le PIB malgache devrait finalement croitre de 4 % en 2025, contre une estimation de 4,6 % lors du précédent examen du Fonds.
En dehors de la réduction de l’aide publique au développement, qui représente environ 1 % du PIB de l’île, Madagascar s’est vu imposer des droits de douane américains de 47 %. Si la mesure a pour le moment été suspendue, le FMI estime que son application affectera les secteurs de la vanille et du textile, exposés au marché américain. L’impact sur la pauvreté est aussi à prendre en compte, car la filière textile (19,4 % du PIB malgache et 7% des IDE) emploie plus de 400 000 personnes, principalement dans les zones franches industrielles situées autour d’Antananarivo et d’Antsirabe.
L’Union européenne, le Japon ou encore le Royaume-Uni ont déjà trouvé un terrain d’entente avec Washington pour réduire les droits de douane initialement annoncés.
On ignore si Madagascar suivra cette voie, mais le leadership du président Rajoelina, à la tête de la SADC pour le mandat 2025-2026, pourrait être un atout.