Communiqué de Presse…les syndicats des médecins ont tort

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La santé d’une nation ne se mesure pas seulement dans des statistiques hospitalières, mais aussi dans la dignité avec laquelle les patients sont accueillis lorsqu’ils franchissent les portes de nos hôpitaux publics. Depuis trop longtemps, les Mauriciens ordinaires endurent des heures d’attente dans des couloirs bondés, incertains que le médecin qui leur est assigné soit effectivement présent. Ce n’est pas qu’un simple désagrément — c’est une trahison de la confiance publique.

Face à des plaintes récurrentes, le ministre de la Santé a pris une décision courageuse en mettant sur pied une ‘special monitoring team’ à ce que les médecins soient physiquement présents pendant leurs heures de service. Cette initiative n’est pas une provocation, mais une évidence : lorsqu’un médecin est payé pour être de garde, il doit être là. Pour les patients, c’est une question de dignité, de justice et parfois même de survie.

Pourtant, dans un revirement regrettable, le syndicat des médecins ont attaqué la décision du ministre, la présentant comme une intrusion dans l’autonomie professionnelle. Cette position n’est pas seulement erronée, elle est profondément inquiétante. En s’opposant à une mesure qui vise avant tout à garantir les soins aux patients, le syndicat risque de se couper de ceux dont la confiance et le respect donnent tout son sens à la profession médicale.

Les médecins jouissent d’un statut privilégié dans la société parce qu’ils sont dépositaires de la vie. Ce privilège s’accompagne de responsabilités. Nul ne nie les longues heures de travail ni la pression que subissent les médecins. Mais l’absence sur le lieu de travail, alors que des patients attendent, est injustifiable. Une mère avec un enfant malade, un vieillard souffrant, un travailleur blessé — ces citoyens ne peuvent pas patienter pendant que les médecins assignés sont absents. Leur droit à un traitement rapide est primordial.

 Dans le monde entier, des mécanismes de contrôle existent. Au Royaume-Uni, la Care Quality Commission surveille étroitement les hôpitaux. En France, la Haute Autorité de Santé impose des normes strictes de présence et de qualité des soins. Pourquoi Maurice devrait-elle être différente ? La transparence et l’inspection renforcent la profession, elles ne l’affaiblissent pas. Elles protègent les patients autant que les médecins dévoués qui respectent leur serment.

 La résistance du syndicat est donc une occasion manquée. Plutôt que de s’opposer frontalement, il aurait pu proposer des solutions constructives : meilleure planification des gardes, mise en place d’outils numériques de pointage, ou réformes de la répartition des charges de travail. En dialoguant, il aurait montré du leadership. En refusant, il donne l’image de défendre des privilèges plutôt que l’intérêt des patients.

La santé publique n’est pas une question de confort pour les professionnels, mais de droits et de dignité pour les patients. Chaque heure perdue, chaque consultation manquée, chaque absence médicale mine la confiance dans notre système de santé. Si le syndicat persiste dans cette voie, il ne perdra pas seulement en crédibilité, mais il fragilisera aussi le respect sur lequel repose la profession médicale.

 L’initiative du ministre est courageuse et juste. Elle mérite un large soutien. Les patients ne peuvent pas attendre et ils ne doivent pas être contraints de le faire. Le moment est venu pour le syndicat de revenir à son devoir éthique fondamental : se tenir du côté des patients de Maurice, et non contre eux.

 Suttyhudeo Tengur

Président

1er septembre 2025