Afghanistan : les talibans ont pris Kaboul, panique internationale…

in Monde

Des dizaines de combattants talibans ont pris le palais présidentiel à Kaboul, clamant leur victoire
sur le gouvernement afghan, selon des images télévisées. Cette nuit, 66 pays dont la France et les
Etats-Unis, ont, dans un communiqué commun (en anglais), appelé les talibans à “faciliter le
départ sécurisé et ordonné de tous les citoyens étrangers et afghans qui souhaitent quitter le
pays”.
« Notre pays a été libéré et les moudjahidine sont victorieux en Afghanistan », a déclaré du palais un
insurgé à la chaîne de télévision Al-Jazira. Les combattants se sont emparés du bâtiment après la
fuite à l’étranger du président Ashraf Ghani, qui a reconnu que les talibans avaient « gagné ».
Des dizaines de combattants talibans ont pris le palais présidentiel à Kaboul, clamant leur victoire sur
le gouvernement afghan, selon des images télévisées ce dimanche. Le chef de l’ONU a appelé les
talibans à « la plus grande retenue ». Les droits des femmes en Afghanistan « doivent être protégés
», a-t-il dit.
Auprès de l’Agence France-Presse, trois de leurs hauts responsables ont affirmé que les insurgés
s’étaient également emparés du palais présidentiel, après la fuite hors d’Afghanistan du chef de
l’État, Ashraf Ghani. Ce dernier a dit avoir fui son pays pour éviter « un bain de sang ». « Les talibans
ont gagné », a-t-il déclaré. Le président Ghani, qui n’a pas précisé où il était parti, s’est déclaré
convaincu que « d’innombrables patriotes auraient été tués et que Kaboul aurait été détruite » sil
était resté en Afghanistan. « Les talibans ont gagné et sont à présent responsables de l’honneur, de
la possession et de l’autopréservation de leur pays », a-t-il ajouté dans un message sur Facebook.
La priorité : la sécurité des Français, selon l’Élysée
Le ministère français des Affaires étrangères a annoncé dimanche que Paris déployait des renforts
militaires aux Émirats arabes unis (EAU) pour faciliter l’évacuation de ses ressortissants, après avoir
déplacé son ambassade à l’aéroport de Kaboul face à l’avancée des talibans. Une « priorité absolue »
pour l’Élysée. Emmanuel Macron, qui suit « la situation heure par heure », s’exprimera lundi à 20
heures, a indiqué l’Élysée. Le président doit auparavant présider un conseil de défense en
visioconférence à midi.
Les armées françaises ont lancé dimanche soir l’opération d’évacuation des ressortissants français :
deux avions de transport de l’armée de l’air, un C130 et un A400M, avec à leur bord du fret et des
personnels, doivent décoller dans la nuit et lundi matin pour la base aérienne d’Al Dhafra aux
Émirats arabes unis, a indiqué le ministère des Armées. « Le dispositif comprenant des éléments de
protection, de transit aérien, d’accueil, de soutien médical et de commandement et de coordination
effectuera des norias entre Abou Dhabi et l’aéroport de Kaboul ».
La première rotation est prévue dès lundi. Les ressortissants seront ensuite « transportés vers la
métropole par d’autres avions de l’armée », ont précisé les autorités militaires. Le quai d’Orsay avait
décidé dimanche après-midi de « relocaliser l’ambassade sur le site de l’aéroport de Kaboul pour
procéder notamment à l’évacuation de l’ensemble de nos compatriotes qui se trouveraient encore
dans le pays ». Les autorités françaises assurent être « en contact avec les Français qui se sont
signalés » et rappellent que ces « opérations d’évacuation méthodique de nos ressortissants sont en
cours depuis des semaines ». Les Français présents en Afghanistan avaient été invités dès le mois
d’avril à quitter le pays et un vol spécial avait été affrété par les autorités françaises le 16 juillet.
Des visas délivrés

Paris fait valoir que la France est « l’un des rares pays » à avoir maintenu sur le terrain « les capacités
de protéger les Afghans qui ont travaillé pour l’armée française, ainsi que des journalistes, des
militants des droits de l’Homme, des artistes et personnalités afghanes particulièrement menacées
», et a réitéré sa volonté de « continuer de mettre en protection les personnalités de la société civile
afghane menacées pour leur engagement ». « Tout est mis en œuvre actuellement pour maintenir,
autant que possible, une capacité de délivrance des visas depuis l’aéroport de Kaboul », a assuré le
quai d’Orsay. Selon les autorités françaises, 625 Afghans employés dans les structures françaises
présentes en Afghanistan et leur famille ont été accueillis depuis mai. La France a suspendu depuis
juillet les expulsions de migrants afghans déboutés de leur demande d’asile.
En à peine dix jours, les talibans ont pris le contrôle de la majeure partie du pays, après une
campagne militaire d’une rapidité stupéfiante qui les a menés aux portes de Kaboul. « La priorité
immédiate et absolue dans les prochaines heures est la sécurité » des Français, appelés à quitter
l’Afghanistan, a indiqué l’Élysée ce dimanche. Les talibans veulent prendre le contrôle du pouvoir en
Afghanistan « dans les jours à venir » par un transfert « pacifique », a déclaré un de leurs porte-
parole à la BBC ce dimanche, alors que leurs troupes encerclent la capitale.
Les citoyens afghans et étrangers qui veulent fuir l’Afghanistan « doivent être autorisés à le faire »,
ont plaidé les États-Unis et 65 autres pays dans un communiqué commun, avertissant les talibans
qu’ils doivent faire preuve de « responsabilité » en la matière.
« Étant donné la situation sécuritaire qui se dégrade, nous plaidons et travaillons à assurer, et
appelons toutes les parties à respecter et faciliter le départ sécurisé et ordonné de tous les citoyens
étrangers et afghans qui souhaitent quitter le pays », indique le texte. « Ceux qui se trouvent en
position de pouvoir et d’autorité dans tout l’Afghanistan portent la responsabilité […] de la
protection des vies humaines […] et pour la restauration immédiate de la sécurité et de l’ordre civils,
souligne-t-il.
« Il serait presque impossible pour Ghani de rallier les forces de sécurité pour défendre Kaboul »
Une poignée de villes mineures sont encore sous le contrôle du gouvernement. Mais elles sont
dispersées et coupées de la capitale, et n’ont plus une grande valeur stratégique. La déroute est
totale pour les forces de sécurité afghanes, pourtant financées pendant 20 ans à coups de centaines
de milliards de dollars par les États-Unis, et pour le gouvernement du président Ashraf Ghani.
Celui-ci se retrouve sans autre option que de devoir choisir entre capituler et démissionner, ou
poursuivre le combat pour sauver Kaboul, au risque d’être responsable d’un bain de sang. « Il serait
presque impossible pour [Ghani] de rallier les forces de sécurité pour défendre Kaboul. Toute
perspective de combat dans la ville elle-même déclencherait une catastrophe humanitaire majeure
», a déclaré à l’AFP Ibraheem Thurial Bahiss, un consultant de l’International Crisis Group (ICG),
estimant que la pression devait monter sur le chef de l’État pour qu’il démissionne.
1 000 soldats américains de plus à Kaboul
Joe Biden a décidé d’envoyer 1 000 soldats de plus à Kaboul pour sécuriser les évacuations. Face à
l’effondrement de l’armée afghane, le président américain avait plus tôt porté à 5 000 soldats le
déploiement militaire à l’aéroport de Kaboul pour évacuer les diplomates américains et des civils
afghans ayant coopéré avec les États-Unis qui craignent pour leur vie.
Lundi, le gouvernement américain a annoncé avoir « sécurisé » l’aéroport et ses environs. « Nous
pouvons confirmer que l’évacuation en toute sécurité de tout le personnel de l’ambassade est
maintenant terminée », a déclaré dans un communiqué le porte-parole du département d’État Ned

Price. « Tout le personnel de l’ambassade se trouve dans l’aéroport international Hamid Karzai, dont
le périmètre est sécurisé par l’armée américaine », a-t-il ajouté.
Une réponse « rapide et forte » des Américains en cas d’attaque
La Russie fait partie des pays ayant reçu des garanties de la part des talibans quant à la sécurité de
leurs ambassades, a expliqué par ailleurs Zamir Kaboulov, émissaire du Kremlin pour l’Afghanistan,
cité par l’agence de presse Interfax. La Russie œuvre aussi avec d’autres pays pour la tenue d’une
réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU sur l’Afghanistan, a-t-il indiqué, assurant que la
réunion devrait se tenir bientôt.
Joe Biden, le président américain, a menacé les talibans d’une réponse « rapide et forte » en cas
d’attaque qui mettrait en danger des ressortissants américains lors de l’opération d’évacuation. Mais
il a aussi défendu sa décision de mettre fin à vingt ans de guerre, la plus longue qu’ait connue
l’Amérique, lancée dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001.
L’Allemagne et le Royaume-Uni réagissent
L’Allemagne, de son côté, va entamer dimanche soir l’évacuation des membres du personnel de son
ambassade à Kaboul, actuellement présents à l’aéroport, a annoncé le ministre des Affaires
étrangères. « Une partie d’entre eux vont décoller de Kaboul plus tard dans la journée », a dit Heiko
Maas, au cours d’une conférence de presse à Berlin.
Londres a parallèlement annoncé le redéploiement de 600 militaires pour aider les ressortissants
britanniques à partir.
Pressé d’agir face à l’arrivée des talibans à Kaboul, le Premier ministre britannique Boris Johnson a
assuré dimanche que sa « priorité » était l’évacuation des ressortissants britanniques en
Afghanistan, appelant les Occidentaux à adopter un front uni avant toute action. Le chef du
gouvernement conservateur a réuni dimanche après-midi une réunion interministérielle de crise,
dite « COBR », la deuxième en trois jours sur le sujet. La « priorité » de Londres, a-t-il expliqué après
la rencontre, est de « remplir ses obligations vis-à-vis des ressortissants britanniques en Afghanistan
et de tous ceux qui ont contribué aux efforts britanniques en Afghanistan depuis 20 ans ».
Plusieurs pays occidentaux vont réduire au strict minimum leur présence, voire fermer
provisoirement leur ambassade.

Les réactions
Donald Trump : « Il est temps que Biden démissionne »
Dans la nuit, Donald Trump a appelé son successeur à démissionner, ajoutant
la débâcle en Afghanistan à la liste de ce qu’il voit comme des ratés de Joe
Biden (il affirme par ailleurs toujours avoir remporté l’élection). Quand il était
au pouvoir, il plaidait pourtant lui aussi pour un retrait d’Afghanistan. Mais il
aurait été plus réussi, estimait-il il y a quelques jours.
“Il est temps que Joe Biden, discrédité, démissionne pour avoir permis ce qui
s’est produit en Afghanistan, mais aussi en raison de la hausse vertigineuse
du Covid, du désastre à la frontière, de la suppression de notre indépendance
énergétique et de la paralysie de notre économie”.

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