Après avoir démissionné des instances du Mouvement Militant Mauricien
(MMM), Jenny Adebiro, a affronté la presse, à l’hôtel St George, dans la
matinée de ce vendredi 11 février. La candidate battue lors des dernières
législatives de 2019 dans la circonscription No. 19 (Stanley/Rose-Hill), s’est
livrée à cœur ouvert sur les raisons qui l’a poussé à prendre ses distances au sein
du parti. Emotionnée par cette situation, elle a évoqué notamment un manque de
soutien, de stratégie et de fonctionnement démocratique, entre autres.
Jenny Adebiro a d’abord affirmé que les résultats du ‘recomptage’ n’ont rien à
voir avec sa décision de claquer la porte du parti, pour lequel, elle dit s’être
énormément sacrifiée. Elle soutient que son départ est arrivé au fil de
nombreuses petites expériences qui sont devenues à un moment donné trop
lourd à porter. « Je prends du recul car j’ai connu des coups bas. J’ai été blessée
au sein de mon parti. Il y a eu plusieurs petites choses qui se sont accumulées.
Par la suite, je ne me suis plus retrouvée au MMM » a soutenu Jenny Adebiro.
L’ancienne membre du bureau politique et comité exécutif du MMM a surtout
affirmé que le parti ne fonctionnait pas comme il le fallait. Ses dires portaient
principalement sur un élan anti-démocratique qui y règne. Elle a fait ressortir
qu’elle avait été élue comme présidente de l’aile féminine mais qu’elle a été
écartée de ces fonctions depuis son retour au sein du parti après un congé de
maternité. Ajoutant que le titre était uniquement sur papier. « J’aime mon parti,
mais il ne fonctionne plus de manière démocratique. Mo pa pe trouv MMM avek
so esans, so baz, so fonksionman. Vote nepli conter, démocratie nepli valoir »
a-t-elle précisé.
Elle a ajouté qu’il y a également des failles stratégiques qui étaient de plus en
plus remarquables. Selon Jenny Adebiro, le leader des mauves ne cesse de
parler stratégie mais que celle-ci concerne uniquement les élections. Or, elle fait
ressortir que cette mentalité ne cadre pas avec les attentes de plusieurs
membres. Elle affirme que depuis quelques temps, le travail pour la population
est passé secondaire. Ainsi, lorsque ce qu’on va sur le terrain, cela se fait
ressentir.
Selon elle, le MMM doit se reprendre et adopter une nouvelle approche.
La goutte d’eau, dit-elle, a été le fait qu’elle a senti ne pas avoir eu le soutien et
la solidarité des dirigeants du MMM lors de l’exercise de recomptage. Jenny
Adebiro a déploré surtout le soutien des femmes au sein du MMM et
particulièrement l’absence remarquée de Joanna Bérenger. « Je m’attendais à
plus de soutien, dont celui de Johanna Bérenger, qui défend souvent des
injustices sur les réseaux sociaux. Cette fois, je n’ai vu aucune publication », a-
t-elle soutenu.
Aux questions de la presse, Jenny Adebiro a nié les allégations portées à son
encontre venant du leader adjoint du MMM, Ajay Guness, « Je ne suis pas une
personne vendable. J’ai consenti d’énormes sacrifices pour le MMM. Et, si
c’était à refaire, je l’aurais fait. Je n’ai jamais attendu quelque chose en retour,
je l’ai toujours fait avec le coeur ».
Quant aux discussions entamées entre Paul Bérenger et Navin Ramgoolam,
Jenny Adebiro constate qu’il y a « beaucoup de zones d’ombre » derrières ces
contractions. Par ailleurs, elle dit avoir vécu beaucoup de rapprochement du
MMM avec d’autres parti mais qu’à la fin, tout s’est mal passé. La politicienne,
soutient que beaucoup de membres partagent son avis. « Pour moi, comme pour
beaucoup de militants, nous avons quelques réserves ».
Pour l’heure, la jeune femme n’évoque aucun rapprochement avec un
quelconque parti politique mais apprécie les mots d’encouragement qu’elle
reçoit de tous les bords, que ce soit des membres du gouvernement ou du public.
Elle a déclaré qu’elle doit prendre un peu de temps pour sa santé, son bébé et sa
vie sociale, qui ont pendant longtemps été négligés par rapport à sa vie
politique. Ainsi à une supposée allégeance future au MSM, Jenny Adebiro
affirme qu’elle n’a pris aucune décision, « à ce stade non, j’ai délaissé ma vie
professionnelle par rapport à la politique », explique-t-elle.
A une question de la presse concernant le nouveau décompte de voix au No 19,
elle a répondu que « l’exercice a été une question de justice et je laisse les
institutions concernées faire leur travail ».