La police enquête pour élucider ce double meurtre : le fils et frère toxicomane des victimes, suspect principal
Veeraj Beeharry, en état d’arrestation pour vol, nie son implication
Le lundi 22 août, Shreya Beeharry, 25 ans, atteint d’une malade mentale et Amrit Dayalsingh Beeharry, retraité de 63 ans, ont été retrouvés morts à leur domicile à Mare la Chaux. La police ne cesse d’établir des pistes pour retrouver le ou les coupables de ce drame atroce. La thèse d’un meurtre suivi d’un suicide étant éliminé à la suite des résultats du rapport d’autopsie, les enquêteurs mettent les bouchés doubles pour identifier l’auteur de ce double assassinat. Et si Veeraj Beeharry, le fils et frère des victimes, possède le profil le plus proche pour ces meurtres, pour l’instant, il n’y a toujours rien de concret pour l’incriminer.
Les enquêteurs ne baissent cependant pas les bras. Ils étudient toutes les pistes pour arrêter celui qui a commis cet acte inhumain. Le jour de cette découverte macabre, la CID de Flacq a auditionné des voisins et plusieurs proches des défunts. Néanmoins l’interrogatoire du fils et frère des victimes a été plus longue, car ses antécédents et démêlés avec la justice, (son train de vie dans l’univers de la drogue) fait de lui un suspect potentiel. Ainsi, la police s’est mis un point d’honneur à vérifier tous les éléments qu’il a avancés pour se dédouaner de ce meurtre.
Bien que lors de son interrogatoire, Veeraj Beeharry a nié avoir tué son père et sa sœur, le jeune de 27 ans, a tout de même été arrêté lundi après le double drame familial et à la suite d’un mandat qui avait été émis contre lui car il ne s’était pas présenté au tribunal pour régler une amende. Après une nuit en cellule, il a comparu en cour mardi dernier et a été maintenu en détention. Les enquêteurs veulent avoir plus de détails sur son emploi du temps de la nuit de dimanche à lundi. Son téléphone portable a aussi été saisi en vue d’être analysé. La police scientifique s’est rendue à nouveau sur les lieux du drame, hier matin, pour rechercher et prélever d’autres d’indices.
Mardi, la police a aussi procédé à l’arrestation d’Akash Teeluck, 31 ans. Cet habitant de Mare-La-Chaux a été arrêté à la suite de deux cas de vol rapportés à Belle-Mare. La police s’intéresse aussi au trentenaire étant donné qu’il est l’ami de Veeraj Beeharry. Akash Teeluck a expliqué aux enquêteurs qu’il était en compagnie de Veeraj Beeharry dimanche pour voler des légumes dans la région.
Meurtre maquillé
Le village de Mare-la-Chaux a reçu un énorme choc en apprenant la mort atroce de ces deux habitants, le lundi 22 août. La découverte macabre a été fait vers 8h30 par des membres de la famille qui ont été alertés par une voisine qui aurait vu les corps par la fenêtre. Quand les éléments de la Criminal Investigation Division (CID) de Flacq et de la police scientifique sont arrivés sur place, Yegeshwaree Beeharry, dite Shreya, âgée de 25 ans, était étendue sur un lit avec la gorge tranchée. Son père, Amrit Dayalsingh Beeharry, 63 ans, était pendu dans une autre pièce de la maison avec du fil électrique.
Dans un premier temps, après la découverte macabre dans la matinée du lundi 22 août, la police pensait qu’Amrit Beeharry avait agressé mortellement sa fille et avait ensuite mis fin à ses jours. Cependant, l’examen médicolégal du corps d’Amrit Dayalsingh Beeharry a fait surgir des interrogations. Selon les autopsies pratiquées par le Dr Prem Chamane, la jeune femme est morte des suites d’une lacération à la gorge tandis que son père a succombé à une exsanguination provoquée par une coupure au cou. Un couteau avait été sécurisé sur la scène du crime.
L’enquête tente toujours de déterminer si c’est le résultat ou non d’une pendaison volontaire. Les dépouilles d’Amrit Dayalsingh et Shreya Beeharry ont été remises à leurs proches, pour les funérailles.
Famille tranquille mais vie difficile
La famille n’est pas connue pour être des personnes à problème. Ils sont appréciés par leurs voisinages et n’ont pas d’ennemis. Asha qui souffre de troubles mentaux depuis l’enfance, restait à la maison et ses parents s’occupaient d’elle. Elle passait seulement le balai et s’occuper parfois de la maison. Mais le 20 août 2021, la famille Beeharry a été affectée par la perte tragique du pilier de la famille. L’épouse d’Amrit et mère d’Asha qui luttait contre un cancer, n’a pas survécu. Amrit était très affligé par cette disparition mais il a continué à prendre soin de sa fille. Li donn li so medsinn, lav so linz. Aswar li leve si bizin. Limem fer manze donn tifi la », poursuit-elle. « Son moral était au plus bas », affirme Raj Beeharry, un de ses neveux. « Lavi ti inpe dir pour papa la ek so tifi », confirment des habitants du quartier.
Le voisinage, aussi choqué par cette sordide affaire, relate que père et fille faisaient de leur mieux pour continuer à vivre paisiblement ensemble. « Ils étaient des gens bien. La fille allait au village hall du coin pour pratiquer le yoga ou même faire de la zumba. En la regardant, nous ne pourrions pas dire qu’elle avait des troubles mentaux. Quant au père, c’était un homme très calme et un bon vivant. Il ne ferait jamais un tel acte à sa fille. Li ti p bien protège so tifi », soulignent des voisins.
Asha est décrite comme étant très obéissante, bien que, à cause de ses problèmes de santé, elle réagissait comme un enfant de cinq ans, elle écoutait lorsqu’on lui parlait. Un commerçant raconte, pour sa part, que, tous les jours, le père allait à la boutique avec sa fille pour acheter des gâteaux. «Li content demande so tifi choisir gâteaux dan so choix, ek tou saki tifi oulé li acheter».
Pour la famille, il était impossible qu’Amrit Beeharry ait égorgé sa propre fille. Selon une tante d’Asha, ce chauffeur de taxi à la retraite aimait et choyait l’aînée de ses trois enfants. « Ant papa ek tifi, zot lamour ti extra for. Papa la ti bien ‘care’ pou li », explique-t-elle. toutefois, Raj Beeharry explique que dimanche soir, son oncle avait confié à un autre neveu qu’il avait l’intention de placer sa fille dans un centre pour personnes handicapées. Entre-temps, « nou pa pe kone nanie kinn arive », nous dit-il, encore sous le choc.
Vilain petit canard
Si la famille, possède une bonne réputation, Veeraj semble lui être tombé loin du pommier. Il a pris la relève de son père comme chauffeur de taxi à son départ à la retraite. Mais le jeune homme est tombé dans le fléau de la drogue. Il a dans le passé été arrêté pour vol et possession d’héroïne. Les proches racontent que Veeraj avait l’habitude de se disputer avec son père. Il lui demandait de l’argent. Pour éviter les bagarres, le père lui avait demandé de ne plus rester à Mare-La-Chaux. Possédant une autre maison à Flacq, Amrit a proposé à son fils Veeraj d’aller y vivre et de ne plus venir à Mare-La-Chaux.
Quelques semaines avant sa mort, Amrit Beeharry avait accusé Veeraj de vol. Le sexagénaire avait porté plainte à la police. Il avait expliqué aux enquêteurs que son fils avait subtilisé sa carte bancaire et avait fait un retrait à son insu. Des éléments qui ont fait de lui le principal suspect, voire le présumé meurtrier.
L’entourage d’Amrit et d’Asha Beeharry confie cependant «Il nous est difficile de croire que Veeraj y est pour quelque chose. Les individus qui ont fait cela n’ont pas de cœur. Ils ont agi avec une telle violence. Comment est-ce qu’un être humain peut tuer deux personnes ainsi ?»,
Amrit laisse aussi un autre fils de 30 ans, derrière lui. Celui-ci est un banquier de profession, qui vit à Quatre-Bornes.